BENZEMAGATE, POURQUOI TANT DE HAINE ?

#FreeBenzema, ce cri du cœur déchirant résonne sur les internets depuis hier.

 

Karim, le conseil a décidé de vous éliminer et cette sanction est irrévocable. Comme on pouvait s’y attendre, ou pas d’ailleurs, KB9 ne fera pas partie de l’aventure Euro 2016. La faute à qui, la faute à quoi ? La réponse à cette question est forcément clivante et dépasse largement le simple cadre des schémas tactiques, ou de la vie du groupe de Didier Deschamps.

 

Malgré le succès, KB9 ne laisse pas tomber son ami, Karim Zenati

 

D’après la version officielle, c’est cette dernière raison qui fait foi, Benzema serait un élément perturbateur pour le groupe. Pour rappel des faits, le numéro 9 du Real de Madrid aurait aidé à faire chanter Mathieu Valbuena après le vol de sa sextape. Il faudrait savoir, on reproche souvent à Benzema de ne pas chanter la marseillaise, mais quand il tente de faire l’effort d’encourager Valbuena à pousser la chanson, on lui tombe dessus aussi. Car sur les réseaux sociaux ce qui est reproché au joueur, ce n’est que très rarement cette histoire avec Valbuena, mais plutôt qu’il « chie sur le pays », qu’il « ne chante pas l’hymne » et qu’il est « un fouteur de merde ».

 


 

La morale se place sur un curseur, et il n’est pas figé. Dans ce cas, on parle du mauvais comportement de Benzema qui « menace » Valbuena, mais ne pourrait-t-on pas voir aussi son geste comme un acte de fidélité à un ancien pote. Malgré le succès, KB9 ne laisse pas tomber son ami, Karim Zenati. Il n’a pas pris la grosse tête et reste disponible pour ses proches. Mauvaise foi diront certains, mais ce n’est pas si simple. Chacun a ses racines, et parfois, lorsque l’on s’en éloigne, on veut tout faire pour prouver à ses proches que l’on n’a pas changé, quitte à surjouer.

Qui n’a pas connu cette situation, le vieux pote qu’on n’a pas vu depuis cinq ans alors qu’on passait tous les weekends avec lui, qui te demande de venir l’aider à déménager ou qui a des problèmes d’argent. Même si on en n’a pas toujours envie, on le fait, et pour Karim, c’est pareil. Il s’est retrouvé coincé entre ses anciens potes et ses nouveaux coéquipiers. On peut faire la même analyse de la performance de Serge Aurier sur périscope. Les médias pointeront du doigt des mauvaises fréquentations, alors que l’on pourrait juste y voir de l’affection.

 

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Ce qui importe ici, ce ne sont même pas les faits, qui sont interprétables, mais les images mentales que crée une telle décision

 

Coincé, Benzema, l’est aussi entre deux cultures, comme beaucoup d’immigrés de la deuxième, voire troisième génération aujourd’hui. On lui a longtemps reproché sa phrase : « L’Algérie c’est mon pays, la France c’est juste pour le côté sportif. » Il est trop facile de reprocher à un joueur de football un sentiment qui est pourtant partagé par de nombreuses personnes, et pas seulement avec des racines au Maghreb. D’ailleurs ce sentiment n’est pas nouveau, il s’exprimait dans « Deuxième génération  » de Renaud dans les années 80 (repris par Rohff en 2000).

Certains regrettent qu’un joueur qui « n’aime pas le pays » joue pour la France. On pourrait aussi regretter, qu’encore une fois, des hommes blancs, en costard, dans leur bureaux décident d’exclure un jeune rebeu, en survet, sur le terrain. Ce qui importe ici, ce ne sont même pas les faits, qui sont interprétables, mais les images mentales que crée une telle décision. Elles clivent chaque camp encore plus loin dans leurs retranchements. Si la France gagne l’Euro, ce ne sera plus la France black blanc beur, mais l’équipe qui a gagné sans Benzema.

 

Maquessime