LA MJC LA PASSERELLE TIRE SA RÉVÉRENCE

Le 22 novembre, la Maison des Jeunes et de la Culture la Passerelle de Sète, située sur l'Île de Thau, annonçait que la fin d'année coïnciderait avec la cessation de son activité. Avant la soirée de clôture du vendredi 21 décembre, les référents de la MJC s'efforcent de maintenir les projets artistiques. Dans l'attente d'une nouvelle offre culturelle équivalente, à destination de ses adhérents, de la part de la municipalité.

Référent du pôle culture et responsable des ateliers depuis un an, Morad préfère rire de la situation à laquelle il se retrouve de nouveau confronté. « Je vais connaître ma troisième fermeture. On pourrait presque penser que c'est moi le chat noir », plaisante-t-il avant de redevenir lucide : « Dans l'associatif, tout est pensé par cycle. » En annonçant le non-renouvellement de la convention qui la liait à la Ville et à Sète Agglopôle Méditerranée, la municipalité de Sète a donc mis un terme à celui de la MJC la Passerelle, débuté il y a trois ans. Une annonce faite dans le cadre du conseil municipal du 19 novembre ayant eu pour thème la construction du futur centre commercial de l'Île de Thau, qui s'insère dans le plan de réaménagement du territoire, financé par l'Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) et promulgué en février 2014.

 

« D'un coup, on leur dit que tout s'arrête »

 

Malgré la volonté initiale de préserver la MJC et ses activités, l'implantation du nouveau centre commercial et les projets de modernisation du quartier de l'Île de Thau auront donc eu raison du centre culturel. À la surprise de quelques un des 2502 participants aux ateliers qui ont pu bénéficier des murs et du matériel de l'enceinte sur les trois ans écoulés, alors qu'ils venaient de prendre leur adhésion en septembre. C’est le cas de Christelle, bénévole au sein de la structure, qui s’interroge : « Ma fille a tout de suite accroché avec l'équipe de la MJC et ses intervenants, donc on a décidé de s'inscrire ici, où elle fait du chant, de l'écriture et de la danse. Quand elle a appris brutalement que ça fermait, elle était dans tous ses états. Une présélection avait commencé à être effectuée pour participer au Battle of the year, et d'un coup on leur dit que tout s'arrête. »

Si l’ensemble des Ateliers réguliers de la MJC seront repris jusqu’à début juin par le centre social (CCAS), il n'en demeure pas moins que l'absence d'alternative solide et le flou régnant autour des projets en cours préoccupent du côté de la Passerelle. Moins chez le personnel, qui a fait l’objet de propositions de reclassements de la part de la Ville, qu'en ce qui concerne la façon dont les jeunes vont encaisser la nouvelle. « Je suis inquiet pour les petits du quartier. Une MJC, cela représente des atouts considérables en terme de culture. L'accompagnement des ateliers par des artistes... On a fait venir LaCraps, Demi Portion... Il y a des personnes qui viennent ici, à la base, elles ne voulaient pas venir. J'ai vu des trucs de fou, des ''ennemis'' faire un morceau, apprendre à jouer de la guitare ensemble... Tisser un lien de confiance, c'est quelque chose qui prend du temps. Cette dimension-là, on ne la retrouve pas dans un centre social », se remémore Morad, lui même produit de l'Île de Thau. Il y a bien l'inauguration du Globe, une salle avec billards et babyfoots qui se veut être un lieu d'accueil et d'écoute pour la jeunesse. « Quand je vois l'affiche, cela me fait plus penser à un foyer qu'à un véritable centre culturel », rebondit Christelle.

4000 entrées de concert en trois ans

 

L'autre souci, c'est qu'en remplaçant la MJC, centre culturel intergénérationnel, par des espaces à vocation sociale, le quartier risque de se refermer sur lui-même, alors même que l’ANRU assure vouloir mettre l’humain au centre de ses projets. Morad poursuit : « L'une des choses qui nous a été reprochée, c'était de ne pas faire assez pour les habitants de la zone. Non seulement, on a eu énormément de jeunes de l'Île de Thau, mais en plus, on a réussi à faire 4000 entrées en concerts sur trois ans. 4000 entrées pour une salle qui se trouve dans un quartier populaire. C'est vachement important. Le studio d'enregistrement et les ateliers, tout ça amenait aussi cette mixité sociale. On l'a fait, mais ce n'était peut-être pas notre mission principale » Puis de regretter : « Si on reste trop ensemble, on n'avancera pas. »

Crédits photos : MJC la Passerelle.

DEMI PORTION ET LA MJC LA PASSERELLE