« LE PROJET S’EST FAIT NATURELLEMENT »

Alexandre, Yusef et Paolo, membres du label Pas les mêmes projets

Planqués dans leur studio situé derrière le Parc Montcalm, les mecs de plmp se donnent les moyens de leurs ambitions. Pas les mêmes projets, c’est le nom de ce label lancé il y a tout juste un mois, en novembre 2016, par trois amis d’enfance originaires de Poitiers, un Rennais et un Montpelliérain. Une équipe qui débarque avec une éthique singulière et un objectif précis, celui de bousculer la scène montpelliéraine grâce à une offre musicale diversifiée à travers ses neuf artistes et groupes. Avant de s’attaquer à la France entière.

 

Union Urbaine : Présentez un peu le projet dans son ensemble.

Alexandre : Comment on se définit ? On se définit comme un label de musique, on essaye d’arriver avec un répertoire assez éclectique. On se limite pas à un style de musique à proprement parler, à l’image de ce que fait Stones Throw, un label californien qui travaille dans différents styles musicaux tout en étant dans la recherche et l’expérimentation. Ils essayent toujours de vraiment pousser le truc artistiquement et nous on a aussi cette démarche. On se limite à aucun style en accordant une attention particulière à l’esthétisme, que ce soit dans les clips, les sonorités ou encore la communication. On fait aussi attention à ce qu’on donne au public, que cela respecte vraiment des valeurs qui nous sont propres de façon à ne pas dénaturer notre art pour quelconque raison.

Yusef : Ouais c’est ça, c’est une démarche qui est assez commune chez les labels indépendants je pense. Après en apportant ces sons-là, c’est là-dessus qu’on mise.

A : Ce qui nous différencie, c’est aussi le caractère éclectique du label. Généralement, les labels arrivent avec un effectif assez restreint, surtout au début, et dans un style de musique seulement. Y’a les labels hip hop, y’a les labels électro… Nous, on reste ouvert à tout style de musique tant que c’est plmp.

 

« On essaye d’exister au maximum par nous-mêmes comme ça, déjà, on reste maître de ce qu’on fait »

 

Et là du coup, vous contrôlez tous les aspects. Dans votre équipe y’a aussi un réalisateur, vous faites appel à personne.

A : On essaye d’exister au maximum par nous-mêmes comme ça, déjà, on reste maître de ce qu’on fait. C’est super important pour nous, tu vois, de se dégager de toutes ces contraintes économiques. Du coup on travaille avec nos propres moyens, que ce soit au niveau de la communication ou du management. Après, y’a un pôle image géré par Sufyan, le réalisateur. On a un pôle artistique, qui est plus ou moins géré par Yus’. Plus ou moins parce qu’il a plutôt un rôle de conseiller, si tu veux. On s’attache aussi vachement à ce que les artistes restent vraiment libres, à ce qu’ils conservent leur orientation musicale. L’artiste reste maître de ce qu’il fait. Nous, on lui accorde la liberté nécessaire pour qu’il puisse donner vraiment ce qu’il a à donner.

Y : Voilà, on conseille. C’est pareil, ça c’est aussi l’une de nos démarches. Par exemple, chez nous les artistes ont aussi des rémunérations avantageuses par rapport aux autres labels.

Ah ouais ?

Y : Ouais, on leur donne un peu plus que ce qui se fait actuellement sur la distribution ou les concerts parce qu’on veut vraiment faire primer l’artiste.

D’accord. Vous avez déjà des artistes signés ? Le label, ça fait combien de temps qu’il existe ?

A : Un mois ? Ouais ça fait un mois qu’il est officiel. On a un catalogue en ligne, y’a neuf artistes et groupes dedans.

 

 

Et parmi vous, on a cru savoir que y’en avait qui chantaient, rappaient…

A : Ouais, y’a Paolo, Ideal Jim et Yus, qui font partie des cinq membres fondateurs.

Y : Ouais, moi j’fais un peu de peura. On peut faire toute sorte de musique. Là avec le studio, on fait du sound design, tout ce qui est musique à l’image.

 

 

Vous faites des prods aussi ?

A : Ouais voilà… mais on travaille vraiment sur le rapport musique à l’image, là on te parle de notre société Adaptive Sound. On travaille la musique à l’image pour des films, des publicités et tous supports de communication. C’est à côté, ça n’a rien à voir, mais du coup c’est quand même en lien parce que c’est un projet qu’on a monté tous les deux avec Yusef. Et du coup, lui par ce biais-là aussi, ça lui permet de voyager partout. Et forcément, musicalement, c’est un apport aussi tu vois…

Et donc là pour l’instant, jusqu’ici c’est vos fonds propres.

A : Pour l’instant. Après, on a très peu de besoins financiers mis à part pour la com’. Sur Facebook par exemple, si tu veux que ça tourne un minimum, t’es obligé de lâcher un billet. Mais sinon, comme on peut tout gérer en interne, ça nous coûte rien mis à part du temps. Pour le mixage et le mastering, on s’appuie quand même parfois sur d’autres structures. Pour Late Notice, on a enregistré au Minimoon Studio chez Neil Conti. C’est le cas pour certains projets, des projets plus funk comme Junior Sauvage, qu’on va aussi faire faire mixer ailleurs. Mais sinon…

Ah ouais, pour avoir une autre qualité.

A : Oui, pour sortir de la couleur « plugin », mais sinon la majorité du travail se fait ici. Que ce soit la post-prod ou l’enregistrement, la production… la plupart de nos artistes ont aussi de quoi maquetter chez eux, dans leur chambre, sur leur poste de travail, ils font leur maquette et ils reviennent ici pour réenregistrer, éventuellement faire quelques arrangements.

 

« On se limite pas à un style de musique à proprement parler, à l’image un petit peu de ce que fait Stones Throw »

 

Et comment vous est venue l’idée, la synergie entre vous ? Parce que tu m’as dit que t’étais pas de Montpellier Yusef…

Y : On est tous de Poitiers. Quasiment. Enfin non, pas vraiment.

Paolo : Pas dans tout le label, pas les artistes. Mais en ce qui concerne les membres fondateurs en gros, on est trois sur cinq à être de Poitiers. Y’a un des artistes, Kadogo, qu’on a fait venir de Paris qui était au lycée avec nous. Après y’a un gars de Rennes qu’on connaissait quand on faisait du rap dans un groupe avant, c’est Ideal Jim. On l’a fait venir ici sur Montpellier, ça fait un bout de temps qu’on travaille avec lui. J’sais pas si vous connaissez Grünt, c’est une émission de freestyle, c’est Radio Nova qui fait ça. C’est Jean Morel, c’est un concept de vidéo en fait. C’est du freestyle quoi. Les gars, il se démerdaient pour trouver un appart sur Paname et ils organisaient une session de freestyle là-bas tu vois? Donc c’était toujours chez quelqu’un, Ils ramenaient leur mic et tout… du coup sur la Grünt #1, y’a Nekfeu, Fixpen Sill, Lomepal et James aussi, Ideal Jim. Et nous, on a fait la #10 avec notre ancien crew, Arkanson. Voilà toute cette vague, on s’est connu parce qu’à l’époque on avait un petit collectif sur Paris.

 

 

 

À la base, c’est un peu l’environnement hip hop. Parce que tu me parlais de plusieurs esthétiques…

P : Ah ouais exactement. C’est juste que dans nos histoires personnelles qui nous lient à la musique, on a commencé par le rap. On y est tous venu. C’est le truc qu’on a vraiment saigné et après, avec l’âge tu découvres des trucs, d’autres sonorités, d’autres rythmiques. Le rap à l’époque, c’était vraiment entre 85 et 105 BPM, c’était très uniforme.

Y : Ça fait grave plaisir que les rappeurs se soient mis à prendre des risques, parce qu’au final c’est une grosse prise de risque d’avoir complètement changé les choses. Tout le monde avait ses petits codes, dans les années 90, tout ça. Et là maintenant, les mecs, en 2000 y’a eu cet espèce de mutation un peu douloureuse pour tout ce courant…

Et vous trouvez que maintenant, artistiquement, c’est l’âge d’or du rap ?

P : En fait le rap maintenant c’est devenu une culture et du coup t’en vois partout, partout, surtout aux states mais même chez nous, partout quoi… Dans la danse, l’électro, t’en trouves partout, dans les boîtes… partout partout partout.

 

« L’âge d’or, c’était vraiment quand tout le monde gagnait son fric »

 

Ouais, dans les chichas…

Y : Ouais, ouais, exactement.

P : L’âge d’or après, j’sais pas, j’pense pas non plus.

A : Ouais. L’âge d’or, c’était vraiment quand tout le monde gagnait son fric (rires). Mais aujourd’hui y’a plus de possibilités tu vois, tout le monde se réapproprie des codes à droite à gauche pour faire sa propre sauce. Ça va chercher des influences un peu partout, Internet aidant. Et ça ramène du neuf constamment, c’est ce que je trouve intéressant aujourd’hui.

À Montpellier, tu peux trouver une cinquantaine de gars qui ont déjà fait un clip, fait des sons… D’ailleurs, comment vous composez avec cet environnement riche, concurrentiel ? Et puis y’a pas mal de structures qui font des événements, qui occupent l’espace.

P : Ah ouais ? Tu penses à quoi ?

Uni’sons par exemple, ils font des événements, Attitude…

P : Ouais, eux ils ont un studio. Le DJ de Late Notice, notre groupe, il bosse avec eux, il tourne avec certains de leurs artistes, il record des scratchs.

Ouais y’a ça, y’a des ateliers, c’est une association qui a des salariés. Y’a aussi Attitude avec le Battle Of The Year, Ioro avec Longueur d’ondes, ce sont des associations qui, on pourrait dire, animent un peu le milieu musical montpelliérain.

P : Ouais mais eux c’est quasiment que de l’événementiel.

Oui…

A : Après, les personnes que t’as citées, je les vois plutôt comme des partenaires plutôt que des concurrents, finalement.

P : Les concurrents, ce serait les autres labels, et en cherchant y’en n’a pas un qui propose ce qu’on propose. Et nous, on propose pas ce que propose LaClassic ou Authentic Dope par exemple, tu vois. De leur côté, ils jouent vraiment à fond la carte du rap indé. T’as cette école à Paris, t’as cette école à Strasbourg, t’as cette école en Suisse, en Belgique… Leur truc est lourd, leur démarche est vraie, et pour la plupart ils sont bien plus hip hop que n’importe qui qui se prétend du mouvement, mais c’est pas nos choix musicaux. On les comprend, on les valide de ouf, mais on privilégie autre chose. C’est pour ça qu’on peut pas vraiment parler de concurrence. On a plein de potes à LaClassic ou Authentic Dope. Le rap ici, c’est une grande famille et personne se voit comme un concurrent. LaClassic, ils ont vraiment Lacraps qui sort, il enchaîne les bonne performances et c’est cool, j’espère que des mecs comme Segä empruntent la même voie…

 

 

l est chaud sur le dernier Poignée de Punchlines.

P : Exactement, et tu vois Nedoua qui a monté Authentic Dope avec Jacker, j’pense qu’il voulait faire autre chose. D’ailleurs il a proposé une identité qui était un peu différente de celle qu’il avait à LaClassic. J’pense que c’est pas dans la même veine que LaClassic, c’est beaucoup plus rap festif qui colle au skate, à la culture urbaine, alors que LaClassic c’est un peu plus terter. Au final, même leur offre à eux, elle est différente, même si ça reste du rap indé.

A : Ça rejoint un peu ce qu’on disait tout à l’heure au final. Le paysage musical est tellement vaste aujourd’hui qu’on pense que y’a de la place pour tout le monde. Nous, on essaie de proposer une musique qui est la nôtre parce qu’on a nos propres codes, qu’on n’est pas un label de rap.

 

« Finalement, on s’est dit qu’on avait l’équipe pour faire les choses par nous-mêmes et on s’est lancé »

 

Du coup, au niveau des moyens de communication en direction des artistes, comment vous opérez ? Comment vous touchez les potentiels artistes qui pourraient venir ?

A : Là on n’est pas dans cette démarche. On arrive avec nos neuf artistes ou groupes, mais pour l’instant, on cherche pas à en signer d’autres.

Ils viennent d’où vos artistes ? Ils sont pas que de Montpellier ?

A : Pas forcément non. Ces neufs-là c’est la famille. C’est des connexions qui se sont faites au fil du temps.

Y : Ouais c’est des gens qu’on connaît et avec qui on partage toutes sortes de valeurs. Finalement, on s’est dit qu’on avait l’équipe pour faire les choses par nous-mêmes et on s’est lancé.

D’accord, là vous arrivez avec vos artistes et vous construisez et vous vous développez autour d’eux.

A : Voilà. On a eu quelques demandes déjà, quelques demandes de mecs qui se sont intéressés à ce qu’on fait, qui nous ont demandé si y’avait moyen de collaborer. Mais je t’avoue que l’objectif c’est vraiment de développer déjà les neuf artistes et groupes qu’on a annoncé dans le catalogue avant de penser à autre chose.

P : Parce que t’imagines que dans notre famille musicale, tous les musiciens qu’on connait, quand on a monté ce truc-là, y’a forcément des pourparlers. Donc oui y’a des futurs mais pour l’instant…

A : On a déjà quelques signatures en tête, des gens qu’on connaît qui sont chauds, mais bon voilà ça se fera après.

Et au niveau de l’approche technique, logistique, on en a parlé tout à l’heure, les artistes vous leur offrez un appui physique pour enregistrer et ensuite, admettons que le mec vienne et qu’il veuille sortir un album, est-ce que la promotion de cet album c’est dans vos compétences ?

A : Bien sûr, on essaye de tout gérer au maximum.

P : Après franchement, si on devait faire un truc, ce serait plutôt l’inverse. C’est à dire qu’on déléguerait la distribution, qui appartient vraiment à l’aspect industriel. Et puis c’est surtout que tu peux signer des contrats distrib’ pour un label et complètement conserver tous les paramètres de ton image. C’est peut-être le seul aspect qu’on pourrait externaliser au label mais sinon…

A : Déléguer la promotion c’est difficile parce qu’on essaye de développer une identité singulière autour du label. Donc déléguer la communication ça veut dire ne plus être maître de la façon dont tu t’exprimes ou des visuels que tu peux donner. C’est cette recherche esthétique aussi tu vois, on en revient là. Alors pourquoi pas, mais faudrait vraiment qu’on délègue à une agence de com’ avec qui on partage les mêmes goûts, tu vois ce que je veux dire.

Et vous êtes autodidactes, vous vous considérez comme autodidactes dans la manière dont vous avez appris à faire du son ?

Y : Moi je me suis formé en sound design, c’est pour ça que je suis arrivé sur Montpellier en fait. J’ai raqué pour une école.

A : Et moi j’ai fait un master gestion d’entreprise. Donc c’est pareil, j’ai des notions sur ce qui est communication, gestion, etc…

D’accord, Sufyan c’est le pôle image…

P : Lui c’est un gars qu’on est venu chercher ici (rires).

Ah ouais ?

A : C’est un peu l’histoire du projet. Si tu veux nous, on est des amis d’enfance, on s’est connu au lycée tous les trois. Et si tu veux ça c’est un projet qu’on a dans les têtes depuis un moment parce que ça rappait déjà à l’époque. On a vite compris, quels étaient les enjeux, comment ça se passait dans l’industrie. Et on a vite capté que finalement, notre chemin, c’était celui-ci. Au final, il nous manquait surtout quelqu’un pour l’image. Rencontrer Sufyan, ça a révolutionné le truc parce qu’on s’est mis à rider avec un mec qui était prêt à s’engager avec nous et qui a une vision artistique proche de la nôtre. Il était juste parfait, et puis sur le plan humain… ça fait trois ans qu’on le connaît maintenant et voilà, l’équipe s’est montée avec lui.

C’est lui qui a fait les clips qui sont sur votre chaîne Youtube ?

A : Exactement. Enfin non, Ideal Jim c’est lui qui l’a réalisé lui-même, il a tout fait tout seul. Il sait produire, il sait réaliser, il sait enregistrer…

 

 

Ça tue les artistes comme ça !

A : Ah ouais ! Il est arrivé avec un clip déjà fait et tout…

Mais ton clip Yusef du coup c’est lui ?

Y : Ouais voilà.

A : Les deux clips et le catalogue c’est lui.

 

 

Dans le catalogue justement, y’a des images de clips, c’est vous aussi ?

A : Non en fait c’est pas des images de clip.

P : C’est fait exprès pour le catalogue. Mais dans le catalogue par contre c’est des extraits qui arrivent.

Ça kick sec à Poitiers ou quoi ? Franchement, c’est pas contre vous, mais j’connais aucun rappeur de Poitiers.

A : Ça kick.

P : J’vais te dire un truc, à l’heure actuelle y’a des gars qui connectent avec Roméo Elvis, j’sais pas si vous voyez, c’est le gars qui a fait « Bruxelles arrive ». Il a fait des trucs avec Caballero, c’est un gars qui vient de gagner des prix en Belgique donc c’est sérieux. Et ce gars-là, Makino l’a connecté à l’époque d’Arkanson mais nous on était dans le mouv’ de bouger ici. Du coup on s’est donné de l’amour mais on n’a jamais fait de collab. Et y’a un gars d’Arkanson, Dared, qui est resté à Poitiers, qui a un duo qui s’appelle Les Aiguilleurs et là avec son pote ils sont allés en Belgique y’a pas longtemps, ils sont allés en Suisse y’a pas longtemps, donc voilà ça commence.

 

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Et pourquoi Montpellier ?

A : On en était là dans l’histoire justement. Du coup voilà, donc chacun fait ses trucs, moi je passe mon Master sur Poitiers, Yus’ fait son école. Et Yus vient me présenter un projet, Adaptive Sound, le studio de musique à l’image. Il me dit : « Voilà fréro j’ai besoin de tes compétences pour gérer la société, si t’es chaud descends, on se lance là-dedans. »

C’était à la fin de ton Master, tu t’es dit…

A : Ouais. Lui c’est pareil, il sortait de son école, c’est parti quoi. Du coup voilà, on a monté le projet et après avec Sufyan, on s’est connecté, on a vu qu’on avait l’équipe, on avait le studio qu’on pouvait mettre à disposition… et du coup, le projet s’est fait un peu naturellement. Après, on a su s’entourer ponctuellement de gens pour nous aider. On a un seul réalisateur pour plein de projets, donc ponctuellement on se fait aider par des gars qui sont issus de l’Acfa (école de formation image et son) ou de gens qu’on connaît. Souvent, on a quelques têtes comme ça qui nous aident parce qu’ils kiffent le projet et qu’humainement, ça se passe donc voilà. On essaye de s’appuyer comme ça sur des gens qui partagent notre vision artistique et nos valeurs.

 

« On veut devenir une référence en France. Être un label qui est connu, reconnu pour la sonorité de son travail »

 

On dit que c’était plus chaud de faire du son, dans les années 1990, c’était assez verrouillé… vous avez l’impression que ça l’est moins maintenant ?

P : En vrai c’est pareil. À l’époque, t’avais juste plein de gens qui rappaient dans la rue, le producteur il passait comme ça en bas du quartier, il disait : « Ah ouais toi t’es bon, viens faire une maquette. » Et puis voilà si ça marchait, ça marchait.

A : Mais quand même, ça a évolué à ce niveau-là. Avant, les mecs c’était des chercheurs de tête. Maintenant, c’est des chercheurs de vues. Tu fais un million de vues tu signes, du coup ça crée une autre économie. À l’époque, tu voulais maquetter ou faire un clip, fallait que tu sortes une grosse somme. Aujourd’hui, tout seul, tu peux t’équiper dans ta chambre, maquetter. C’est quand même plus accessible de ce côté-là.

P : À l’époque les gars ils mettaient des billets pour avoir des compositeurs. Maintenant, tu prends Eiffel Studio, tu fais même pas de mix sur le bordel… mais y’a toujours quand même ces deux games, des gens qui sont dans une démarche complètement amateur, de plaisir et tout.

Vous, on est d’accord que c’est plus cette démarche ? Vous avez une démarche à visée professionnelle.

A : Ouais clairement, nous on veut devenir une référence en France. Être un label qui est connu, reconnu pour sa musique et son travail. Bien sûr, on a des ambitions.

P : Rien ne s’est fait sans prendre de risque, c’est une chose, on est déjà en paix avec ça.

A : Déjà, quand on arrive avec neuf artistes hétéroclites, c’est une prise de risque. Donc on a décidé de lâcher les chevaux tout simplement, donner ce qu’on avait à donner et on y est. Ça fait des années, ça fait dix ans qu’on a ça en tête, donc maintenant qu’on à l’équipe on lâche plus.

Le nom du label, Pas les mêmes projets, il vous est venu comment ?

A : En fait au départ, c’est le nom du projet à Yusef, plmp. Puis après on l’a gardé pour le label parce qu’on a trouvé que c’était un nom qui reflétait bien nos ambitions, qui se suffisait à lui-même. Mais on arrive pas dans l’opposition, on essaie pas d’arriver contre tel mouvement ou contre l’industrie de la musique. De toute façon la musique, c’est que du partage et on a besoin de tout le monde pour y arriver. L’Homme il est singulier, on est tous différent, on a tous pas les mêmes projets ou pas les mêmes faciès tu vois, on essaie juste de rester nous-mêmes. C’est pour ça que ce nom est venu naturellement. Après y’a quand même une offre musicale qui est assez unique au final.

P : Moi personnellement, je connais aucun autre label qui propose une offre autant hétéroclite. De part ça aussi, on arrive dans une certaine différence. Mais après, comme tous les autres labels, on a les mêmes fonctionnements…

Et vous avez un statut associatif ou statut de société ?

A : On a le statut associatif.

C’est souvent le statut privilégié quand on commence.

A : Il te permet d’avoir un cadre juridique, de t’exprimer mais sans prendre trop de risques et sans payer des charges dans tous les sens (rires).

L’avantage que vous avez, c’est que vous avez une maîtrise un peu de cet outil institutionnel qui manque aussi aux gens qui veulent se lancer. Même si tu fais un travail de qualité mais que tu sais pas créer un site internet ou que tu dois payer… Alors c’est pas 2000e mais quand tu pars de rien…

A : Ouais c’est notre avantage, on maîtrise tout, de la vidéo à la musique en passant par la com’, le booking. On fait ça en famille, entre nous.

Et là les projets pour la suite ? Vous avez dit que vous vouliez pas faire d’événements avec les artistes ?

P : Ah si ! Nous en fait, on veut pas être une entreprise d’événementiel parce que genre, Uni’sons c’est un studio et de l’événementiel. Run MTP, c’est que de l’événementiel… Dans les acteurs que t’as cité, y’avait pas mal de gens de l’événementiel et nous c’est pas notre vocation. Après, évidemment pour promouvoir nos artistes, on va proposer pas les mêmes soirées (rires).

Pas les mêmes soirées mais pas dans les mêmes salles aussi ou pas du coup ?

P : Ah non, j’crois que c’est possible qu’on te surprenne !

 

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