ON EST ALLÉ VOIR UN FILM AU ROYAL OCCUPÉ

Dans la soirée du mardi 4 octobre, Le Royal Occupé diffusait le film « Opération Correa – Episode 1 : les ânes ont soif ». Le premier opus d’une trilogie réalisée par Pierre Carles en collaboration avec Nina Faure, présente pour l’occasion. La projection s’est effectuée dans une salle 1 remplie, au sein d’un lieu autogéré depuis maintenant plusieurs mois. Loin d’être livré à lui-même.

 

Le temps fait du bien au Royal. Depuis qu’il s’en est vu accorder davantage suite à une décision de justice allant à l’encontre de l’expulsion de ses occupants, il se porte de mieux en mieux. Tellement qu’une nouvelle alternative s’offre au cinéma historique de Montpellier, fermé à l’automne 2014 et destiné à devenir un immeuble d’appartements de luxe. Depuis le début de l’année, date à laquelle a commencé son occupation, les habitants s’organisent pour le transformer non seulement en un lieu d’hébergement, mais aussi en un véritable espace culturel. Un projet en phase de concrétisation.

 

Contrairement à Pierre Carles, obligé de décliner l’invitation pour cause de tournage de l’épisode 3, un bon nombre de personnes s’étaient donc donné rendez-vous au Royal Occupé, hier soir à 20h30, pour assister à la diffusion du premier opus de la trilogie « Opération Correa », intitulé « Les ânes ont soif ». Au bar, plus de bières, mais du (faux) Coca, des jus de fruit et du vin en échange d’une donation. Dans le hall, des flèches en carton indiquant la salle de bain, les dortoirs, et plusieurs canapés et fauteuils accueillants. À peine le temps de sortir pour consulter le programme et observer les fresques de l’entrée qu’un mec invite à rejoindre la salle 1, dans laquelle est présenté le film, à l’aide d’un ordinateur et d’un vidéo projecteur.

 

 

À l’intérieur, il faut une dizaine de minutes à l’auditoire pour qu’il se remplisse. Bien calés dans des sièges pour le moins confortable, ils sont environ 150 à d’abord écouter l’un des habitants du Royal. Ce dernier souhaite que ce lieu devienne un espace vivant destiné à plusieurs associations, qui tendrait à fonctionner en autogestion, sans aucune distinction hiérarchique. Tout en combattant « le sexisme, le racisme et l’obscurantisme ». Puis c’est au tour de la réalisatrice Nina Faure, réputée pour ses travaux en collaboration avec Pierre Carles sur l’industrie médiatique et ses cercles d’influence, de s’exprimer. Elle s’excuse au nom du journaliste, qui aurait souhaité être présent, et souligne qu’il est essentiel qu’un lieu de rencontres comme celui-ci résiste et réside. Avant de donner rendez-vous au public pour le débat qui suit la projection.

 

Le film, sorti en 2014, est une commande du Monde diplomatique, qui souhaitait enquêter sur les sujets dont les médias ne parlaient pas. Au même moment, Rafael Correa, président de l’Equateur depuis 2007 et ancien professeur d’économie, donnait, en 2013, une conférence à La Sorbonne marquée par une absence de couverture du sujet de la part des médias influents, télévision comme radio et presse écrite. Le documentaire pointe ainsi du doigt, parfois avec humour, le corporatisme inhérent aux médias français.

 

Rafael Correa arrive au pouvoir en intégrant le gouvernement intérimaire équatorien de 2005, au sein duquel il occupe le poste de ministre de l’économie. Candidat d’une alliance entre différents partis de gauche appelée l’Alianza Pais, il accède à la tête de l’Equateur en 2007 et prend ses fonctions un an plus tard. La même année, il modifie la constitution en impliquant les citoyens dans ce processus et en y incluant les droits de la nature. Réélu en 2009 et en 2013, Rafael Correa est aussi connu pour avoir réduit une grande partie de la dette de son pays auprès du FMI, en la déclarant illégitime puisque contractée pendant un régime dictatorial.

 

Au fil de la projection, les foutages de gueule s’enchaînent. Christophe Barbier, de l’Express, en prend pour son grade, tout comme Elisabeth Quin, à l’époque présentatrice du journal « 28′ » d’Arte, ou encore Alba Ventura de RTL. Le champion ? Yvan Levaï, en charge de la revue de presse de France Inter, victime de quelques noms d’oiseaux. Même si, entre nous, il l’a bien cherché. Certains allument des clopes, d’autres sont gentiment rappelés à l’ordre par les spectateurs dérangés par l’odeur et soucieux de faire respecter la règle en vigueur dans la salle. Jusqu’aux applaudissements.

 

L’avant-première de l’épisode 2 intitulé « On revient de loin » aura lieu à Montpellier, au Diagonal, le 17 octobre.

 

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