Pour voir Kery James cintré d’un costume trois pièces en cette soirée du lundi 21 mars, c’était dans les gradins du Studio 104 de la Maison de la radio qu’il fallait se trouver. Le fondateur de l’association ACES (Apprendre, Comprendre, Entreprendre et Servir) y a clôturé en grande pompe sa tournée acoustique, commencée en décembre 2014, destinée à accompagner financièrement dans leurs études les jeunes en précarité les plus méritants. En présence de Lilian Thuram, Luc Abalo, Tefa et Fif de Booska-P dans la foule et assisté de Youssoupha, Imany ou Béné sur scène.
Après Nanterre, Orly, Vaulx-en-Velin ou encore Ivry-sur-Seine, c’est finalement dans le seizième arrondissement que Kery James a célébré la fin de l’ACES Tour, au cours duquel le rappeur du Val-de-Marne a distribué plusieurs bourses d’études à des étudiants ayant auparavant défendu leur projet professionnel par vidéo. Une liste de bénéficiaires issue de la concertation des différents jurés et parrains de l’association comme Omar Sy et Florent Malouda en tête, mais aussi Grand Corps Malade, Soprano, Fabrice Eboué, Vincent Parisi ou Mokobé, en fonction de la ville visitée par la tournée.
Une fois passé le protocole sécuritaire de la fouille, renforcée par des portiques de détection pour cause d’un état d’urgence auquel tout le monde semble s’être habitué, la foule pouvait alors prendre place parmi les 850 du Studio 104, Maison de la radio, arrêt Passy, ligne 6.
Cette fois, Kery avait délaissé son manteau en cuir pour un ensemble plus élégant (sisi), qui lui aura d’ailleurs valu quelques attaques verbales aussi bien placées que les crochets de Mohamed Alix. Dans le public, une bonne vingtaine de lauréats de toute part conviés pour le bouquet final ainsi que leur famille et amis mélangés aux personnalités, en plus des personnes qui s’étaient vues confirmer leur inscription gratuite en ligne sur Mouv’. Quelques séniors, des parents, des enfants et des supporters, le tout filmé par les équipes de la radio hip hop publique, équipées pour faire du propre.
Mr Toma, Malcolm X, Palestine et Béné
Acclamé à son arrivée sur scène, Kery débute le spectacle par « 28 décembre 1977 », un morceau personnel qui retrace son parcours depuis sa naissance. Les backs sont assurés par une chorale et les instrus sont acoustiques, mais cela n’empêche pas Daddy Kery d’envoyer du lourd, même s’il reste cantonné dans un registre mélancolique qu’on lui connaît. « Pleure en silence », « La mort qui va avec », « Constat amer » y passent, avant que Mr Toma vienne reprendre avec lui « En manque de… ».
Entre quelques passages lus paraphrasant Malcolm X, Nelson Mandela, Thomas Sankara et Amilcar Cabral, Kery James tombe la veste et pousse la chansonnette avec Youssoupha et Imany, qui s’occupe du refrain sur le titre « Le mystère féminin ». Béné vient même lui donner la réplique dans « L’impasse ».
Il faut attendre une bonne heure, mais le Kery James « trappeur » de « Dernier MC » montre bel et bien le bout de son nez. L’ancien membre d’Ideal J, qui n’oublie pas d’en placer une pour le peuple palestinien, fait lever l’audience et se livre à fond dans « Vent d’État », malgré la présence paradoxale des caméras de BFMTV, entre autre, puis dédicace son tiek dans « 9-4 c’est le Barça ». Et puis Kery James troque carrément sa veste pour un tee-shirt noir et revient plus déterminé que jamais sur le son « Le retour du rap français » en faisant participer OGB, rappeur de la Mafia K’1 Fry et vendeur de kebabs dans « Pour ceux », jusqu’à « Avec le cœur et la raison ».
Des bourses de plusieurs milliers d’euros
Après deux grosses heures passées à ambiancer la salle, Kery James se mue cette fois en président d’ACES, son association créée il y a presque dix ans. Le temps de passer le salam à toutes les personnalités ayant contribuées au projet et de remettre ensuite les chèques aux gagnants, allant environ de 1000 à 6000€. Les sept lauréats prennent à leur tour, un à un, le mic et remercient Kery James de leur avoir offert cette somme.
Pour la plupart, ces étudiants espèrent réussir dans les écoles de commerce ou suivent toutes sortes de cursus de DUT. Le reste des heureux élus les rejoint enfin sur scène, et cette belle soirée se termine tout naturellement sur le titre « Banlieusards ». Le public se disperse et quitte les lieux comme s’il sortait d’un bon film qu’il aurait été voir au ciné et l’équipe d’Union Urbaine s’en va chopper le métro arrêt Passy, ligne 6. Pour rallier le repère, il faudra encore une bonne heure de transports en commun.