« ON SOUHAITE APPORTER UN PEU DE VISIBILITÉ AUX JEUNES QUI SE LANCENT DANS DES DOMAINES DIFFÉRENTS »

Bertrand, Fouad, Jade, Manu et Thibault, organisateurs de la soirée DiverCity

Ce samedi 30 avril, les cultures urbaines s’exprimeront entre les murs de l’Anacrouse lors de la soirée DiverCity. Un espace d’exposition diversifié dédié, le temps de quelques heures, aux photographes, peintres, dessinateurs, poètes, rappeurs mais aussi à l’architecture, aux jeunes auto-entrepreneurs et notamment à l’association Jeunesse S’engage, à laquelle les bénéfices de ce concert solidaire seront reversés. Derrière cette action, cinq étudiants en troisième année de licence Science politique à l’université Montpellier 1 qui, dans le cadre de leur projet professionnel personnalisé, ont su répondre aux problématiques d’organisation d’un tel événement. Tout en fixant l’entrée à deux euros et la bière à un. Pas cher.

 

Union Urbaine : Comment vous est venue l’idée, cette idée du PPP ?

Bertrand : L’idée de base, c’est Manu qui l’a eu.

Manu : Je me suis lancé là-dessus, ça faisait un moment que ça me trottait dans la tête. J’ai envie de travailler dans le milieu alternatif, j’aimerais bien essayer d’y percer tout en pouvant travailler avec le milieu institutionnel. Très clairement, j’ai un master en tête qui s’appelle Altervilles et qui a pour thème les politiques publiques et urbaines tout en favorisant le milieu alternatif. Foncièrement, l’idée vient de là.

T’avais des relations avec l’Anacrouse ?

M : Non, pas plus que ça. L’année dernière, y’a un PPP qui s’était fait ici, relativement ressemblant. Au départ, on n’est pas venu spécialement pour se lancer ici, c’était juste une des possibilités.

B : C’est plus un concours de circonstances.

Thibault : Et puis c’est aussi une solution de facilité. Tout ce qui est Maison de la culture, tout ce qui est lié à la mairie, concernant l’administratif, c’est une galère pas possible. On aurait dû attendre deux mois avant d’avoir une réponse. Avec l’Anacrouse, c’était plus facile. Ils nous ont dit oui direct. Ça s’est lancé un peu comme ça.

 

« On aurait vraiment voulu faire un événement de ce type à la Maison des étudiants, pour faire découvrir cet endroit destiné aux étudiants, mais qui n’est que trop peu connu »

 

C’est intéressant ce que tu dis, parce qu’on remarque que souvent, il apparaît plus facile de s’adresser à un partenaire privé plutôt qu’à un partenaire public, ne serait-ce que pour avoir un rendez-vous avec un adjoint à la culture, l’attente sera plus longue que si tu souhaites rencontrer le mec d’un label, par exemple. Alors que c’est un projet culturel.

M : Cela aurait pu se réaliser mais le problème, c’est surtout qu’on avait une contrainte de temps. Ce qu’on aurait souhaité, c’est faire quelque chose avec la Maison des étudiants qui se trouve à Richter. Je trouve qu’il y a trop peu d’événements de ce type qui se font, c’est dommage qu’elle soit sous-utilisée. Il y a un matos de ouf, des séances de cinéma, des conférences, mais nous on aurait vraiment voulu faire un événement de ce type là-bas, pour faire découvrir cet endroit destiné aux étudiants, mais qui n’est que trop peu connu.

 

« On veut que des personnes puissent venir boire un coup, se faire plaisir et consommer pas cher »

 

Ce souhait de vouloir rassembler des étudiants, il se remarque aussi à travers le prix des consommations. 1,5€ la bière, c’est pas mal.

Fouad : 1€ !

B : C’est encore en discussion (rires).

 

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Et c’est deux euros l’entrée c’est ça ?

B : Oui voilà, c’est ça.

M : On souhaitait rendre les prix abordables parce que le but avant tout, même si les bénéfices seront reversés à l’association, le but n’est pas…

F : Le but n’est pas lucratif.

M : On veut que des personnes puissent venir boire un coup, se faire plaisir et consommer pas cher. C’est pareil pour la bouffe, y’aura quatre filles d’une association qui lancent une sorte de fast-food un peu bio, avec des circuits courts. Pour eux aussi, c’est un petit tremplin.

F : C’est aussi de promouvoir des jeunes qui se lancent dans des domaines différents, que ce soit la cuisine, la musique, le graphisme…

M : Puis quand tu vois le taux de chômage, eux ceux sont des auto-entrepreneurs, tu te dis que cela peut être utile pour eux aussi.

F : Voilà, on veut leur apporter un peu de visibilité. Et puis elles jouent le jeu à fond puisqu’elles se font aucun bénéfice. Elles amortissent juste leurs dépenses et puis après, tous les bénéfices sont versés à l’association Jeunesse S’engage. C’est ce qui apporte une finalité sociale à la soirée.

 

« Relocaliser l’emploi, c’est ce qu’on souhaite faire aussi »

 

Et comment vous êtes entrés en collaboration avec toutes ces personnes-là ?

M : C’était une volonté, mais en même temps on a fait un peu avec ce qu’on avait sous la main. C’était un peu au hasard. Les auto-entrepreneuses, ce sont des personnes que j’ai connues en troisième, je ne leur avais pas reparlé depuis mais j’ai vu sur Facebook qu’elles essayaient de se lancer. Et puis ça m’intéressait, moi qui suis un peu écolo, bio, porté sur le local. Relocaliser l’emploi, c’est ce qu’on souhaite faire aussi. Et voilà, elles s’inséraient parfaitement dans le projet.

Finalement, vous vous y retrouvez tous, dans ce projet.

T : Ouais, moi au départ, Manu m’a proposé le projet parce que pareil, j’avais envie de bosser un peu dans le domaine culturel. Quand tu parles d’orientation en cours, t’entends par ci par là des personnes dont le projet professionnel se rapproche du tien.

B : De manière générale, on est tous intéressé par le milieu culturel. Moi, j’aurais bien fait aussi un concert, mais Manu m’a proposé ce projet similaire puissance dix et puis j’ai accepté direct. On s’est rencontré par pur hasard.

M : Tu sais quand on avait fait l’exposé en Anglais, on avait parlé de la culture à Marseille, et puis de Liverpool aussi, je t’avais senti assez intéressé.

F : Moi j’étais en galère (rires). J’étais en galère et ils m’ont tendu la main.

T : On a fait une présentation devant la classe et il a vu qu’on avait le meilleur projet (rires).

F : Non mais en vrai y’avait plusieurs projets, moi j’avais pas encore choisi mon groupe. Tous avaient des projets qui étaient biens mais celui-là, je sentais vraiment qu’il allait me donner envie de m’investir et qu’il allait me motiver pour diverses raisons, parce que j’écoute du rap, parce que j’ai des potes qui graffent…

 

« C’est juste une question de temps et de travail, mais c’est pas compliqué »

 

Et les artistes, vous les avez contactés comment ?

F : Ulysse, c’est un très bon ami à moi qui est graffeur. Je lui ai proposé, je lui ai expliqué un peu et lui, ça l’a chauffé. Et il rentre bien dans l’esprit, parce que dans sa manière d’être et son côté artiste, c’est quelqu’un qui aime partager.

Et du coup, le fait d’avoir travaillé dans la culture, est-ce que vous avez trouvé que c’était un peu dur ou est-ce que c’est quelque chose qui vous a motivé à continuer ?

B : Moi personnellement, je ne connaissais pas du tout la matrice culturelle. Et justement, le fait de travailler là-dedans, cela m’a montré que si tu te donnes un minimum et que t’es motivé à faire des trucs, c’est pas difficile. C’est juste une question de temps et de travail, mais c’est pas compliqué. Après, y’a forcément des problèmes d’argent, tu peux pas non plus faire des trucs à l’infini. Mais par des partenariats, tu peux organiser ce genre de soirées. Pour moi, c’est le premier truc que j’organise, et je suis assez content.

M : Ouais c’est ça. De base, on n’a rien, tu vois, on est juste cinq personnes qui se sont chauffées. On n’a pas de thune, on n’appartient à aucune association, et au final, on arrive à organiser ce genre de projet.

Vous êtes combien en gros sur le projet ?

T : En gros, y’a une quinzaine d’artistes, graffeurs et rappeurs compris, et une dizaine de partenaires.

Vous avez communiqué comment ?

F : On a essayé plusieurs supports, on a essayé Facebook, on est aussi allé à Radio Campus, puis aussi grâce au journal universitaire, Le Poing. Et puis après, c’est aussi beaucoup de bouches à oreilles.

M : On a hésité à faire des affiches, des flyers, mais on s’est dit qu’avec les réseaux sociaux, ces supports n’étaient pas forcément nécessaires.

T : Le Poing a relayé l’événement, Mamasound aussi…

Vous avez la pression un peu ou quoi ?

T : Pour la soirée ? Non franchement…

F : Si un petit peu quand même (rires). La pression parce qu’on a envie que ça se passe bien. À la base on est noté, mais on fait même plus ça pour ça. On s’est investi personnellement, financièrement, humainement, techniquement, donc on a forcément des attentes.

 

« L’association Jeunesse S’engage, c’est aussi une association naissante et puis l’aspect social, le fait qu’ils fassent pas mal de maraudes, ça collait bien avec l’univers urbain »

 

Et concernant l’association Jeunesse S’engage, c’était aussi une volonté de votre part de leur adresser les bénéfices de la soirée ?

T : L’association Jeunesse S’engage, c’est aussi une association naissante et puis l’aspect social, le fait qu’ils fassent pas mal de maraudes, ça collait bien avec l’univers urbain.

F : Ils ont pris des photos de ces maraudes, d’ailleurs que les gens pourront voir. En fait dans cette pièce, on pourra rencontrer les personnes de cette association. On pourra discuter, y’aura des débats, ils présenteront un peu ce qu’ils font. Cette pièce, ce sera vraiment leur pièce à eux, elle est un peu isolée pour qu’ils puissent venir discuter tranquillement avec les gens sur les canapés. Dans chaque pièce, il y aura des expos, des concerts… Et puis ce qui est bien, c’est la diversité de tout ce qu’on met en place, parce qu’en quelque sorte, y’en aura pour tout le monde. Ceux qui aiment les photos, ils iront voir les photos, ceux qui aiment les graffs, ils iront voir les graffs, ceux qui viennent pour le concert ils paieront deux euros pour assister à un concert de deux heures… Le but c’est vraiment de faire plaisir aux gens, de faire croquer tout le monde. À un moment donné, tu penses même plus à toi, tu fais tout ce tu peux pour que ça se passe bien.

 

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On n’a pas parlé de tout le côté archi. Vous avez des contacts avec l’école de Montpellier ?

M : Côté archi, y’aura toute une pièce destinée à l’exposition de maquettes. C’était pour amener encore de la diversité, pour que les gens voient quelque chose qui sort un peu de l’ordinaire. Y’aura une maquette super grande d’1,20 mètres sur 1,80.

B : Et puis y’a aussi la terrasse.

F : À la base à la place de cette terrasse qui servira de coin fumeur, y’avait rien du tout.

M : Le truc avec l’école d’archi de Montpellier, c’est que y’a énormément de collectifs qui se créent. Ils ont mis en place la terrasse, ils se sont occupés des subventions…

 

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Là on arrive au début de l’événement, vous avez commencé votre projet quand ? Par exemple cette terrasse, ils l’ont construit quand ?

F : La semaine dernière.

M : Ils sont hyper efficaces.

F : En trois jours, bam bam bam bam. Ils ont fait ça et ciao. Non vraiment, ils ont fait ça très rapidement. De toute façon, ça se voyait.

M : L’escalier pareil, 20 minutes.

F : Ils savaient très bien où ils voulaient aller, ce qu’ils savaient faire. Quand on les a rencontrés, on a fait une petite réunion, ils ont regardé, ils ont dit ok, ils ont présenté un peu leur projet. C’était clair et c’était cohérent. Super autonome, ils se sont débrouillés pour l’organisation, les subventions.

 

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« En archi, quand tu compares à Science Po, y’a énormément d’associations. Ils font des soirées, ils ont les clés de leur école pour aller réviser… »

 

C’est un des collectifs de l’école ?

F : C’est ça, c’est le collectif Kern.

C’était des gens que vous connaissiez personnellement ?

F : Indirectement.

M : Je suis allé à un site de conférence d’archi qui s’appelle Métropoles du Sud, je savais que là-bas, j’allais trouver des gens intéressés. Je ne connaissais personne mais tout de suite, les présidents d’asso sont venus me voir, étaient intéressés. Ils ont des moyens aussi à l’école. Quand tu compares à Science Po, là-bas y’a énormément d’associations. Ils font des soirées, ils ont les clés de leur école pour aller réviser… Je savais que y’avait un vivier.

Et Alexandre Dézé, votre prof, il va passer ?

F : Il est déjà passé voir tous les projets donc j’pense, ce serait dommage qu’il ne vienne pas parce qu’il louperait le meilleur (rires).

La page Facebook de l’événement ici.