La génération 87, c’est l’image qu’avait choisi l’Abcdrduson pour sa mixtape avant la première soirée HRZNS. Ces soirées organisées par la boite de prod YUMA ont pour but de faire sortir les nouveaux talents du rap français. Pour vous, Union Urbaine est allé checker la deuxième soirée de cette série, en décembre à la Maroquinerie dans le 20e arrondissement. Présents sur la scène pour ce deuxième soir, Jorrdee et son panama vissé sur le crane, Gros Mo et sa beubar des familles et enfin Rufyo qui porte proprement son masque de chirurgien.
La soirée débute par Jorrdee. le Lyonnais semble s’être installé sur la capitale et parait déterminé à percer. Dès son entrée sur scène, le rappeur est stressé. Il est d’ailleurs entouré de six mecs de son équipe qui prennent aussi des solos. Le live est quand même gonflé en énergie et le public dans la fosse s’enjaille sans problème. Jorrdee et sa team déroulent sur scène en « bougeant les bras n’importe comment ». Le flow est beaucoup moins planant et Cloud Rap que sur youtube, on assiste plutôt à un style de kickage plus habituel. L’autotune n’est pas facile à utiliser en live, comme certains avaient déjà pu le remarquer avec le vocoder pour PNL, au palais de Tokyo. La prestation se termine avec la montée sur scène de quelques spectateurs. Si la copie est propre, elle peut encore être améliorée. Ce qui sera surement fait tant le Gone est perfectionniste dans ses différents projets en cours et à venir.
Après une petite pause ambiancée par le Captain Nemo c’est Gros Mo qui vient occuper la scène. Il est seul, simplement accompagné par EVERYDAYZ aux platines. Le rappeur issu du centre de formation de Perpignan s’est fait connaître, après avoir été lancé par Nemir, en gravitant autour de l’Entourage. D’ailleurs, Deen Burbigo et Jazzy Bazz sont présents dans le public pour lui envoyer de la force en reprenant sans hésiter la plupart des ses punchlines. Grosse barbe et 5 panel vissée sur la tête, Gros Mo envoie lourdement ses textes et fait du sale sans complexe. Le personnage est devenu maître en autodérision et provocation comme en témoigne sa punchline la plus corrosive de #BOULEHYA « validé par le Daesch Boko Haram et Al-Qaïda ». Avec moins de temps sur scène que Jorrdee, il a quand même réussi à faire bouger ceux qui étaient venus le voir et ne semblait pas impressionné par la scène parisienne, il a même posé le couplet de Némir sur « Click Bang » qu’ils font habituellement tous les deux.
Le dernier à monter sur scène est Rufyo. Il joue à domicile et ça se ressent. Le public est encore plus chaud que lors des deux autres parties. L’interprète de 00h92 l’est tout autant. Il pose sans pression avec son style bien particulier. Sur des samples riches et variés, il envoie ses lyrics sortis de nulle part. Il y a un vrai contraste entre la mélancolie de ses textes et l’énergie qu’il donne sur scène. Pour ceux qui ne le connaissaient pas, sa prestation donne forcément envie d’aller checker le reste de son univers et sa page youtube.
Dans la fosse, on croise quelques têtes connues des soirées rap parisiennes. L’équipe de l’abcdrduson presque au complet, normal vu que la soirée est organisée en association avec le site. Des groupes comme « Des faux hispsters et et des grosses bites » et finalement des professionnels comme OKLM ou des labels comme Naïve. Les trois artistes qui sont novices en live ont sorti une prestation qui donne envie d’en voir plus. Les connexions se font et on ressent une certaine émulation dans cette nouvelle vague du rap français, qui, on le souhaite, mènera surement à des projets artistiques de plus en plus surprenants et ambiteux. Ce sera déjà surement le cas avec la 3e édition des soirées HRZNS, qui aura lieu en mars prochain.