Les habitants du Royal Occupé tenaient, ce lundi 27 février, une conférence de presse à la veille de leur procès. Un jugement qui aura lieu demain à 8h30 au palais de justice de Montpellier. Plusieurs médias avaient répondu présents à l’invitation.
Six mois après une première décision de justice qui leur avait été favorable, les habitants du Royal avaient donc convié plusieurs médias à venir faire le point sur la situation, à la veille de leur jugement en référé. Dès 11h, plusieurs radios et journaux locaux, dont Midi Libre et La Gazette, avaient pris place dans la salle 4 du cinéma, face à huit porte-paroles, certains à visage découvert, et à la vingtaine d’habitants permanents au second plan, tous masqués. Malgré un léger problème électrique lié à la charge du matériel installé (micros, prises de son), l’échange pouvait s’installer dans un pessimisme ambiant.
Pour les habitants, cette conférence de presse était d’abord l’occasion de revenir sur neuf mois d’occupation qui auront vu se succéder plusieurs dizaines de projections, débats et spectacles. Tout au long de cette période, les occupants ont entretenu les espoirs de l’ancien directeur des lieux Gilles Debetz, qui visait à ce que ce cinéma demeure un lieu d’échanges et de rencontres. Pierre Carles et Nina Faure, Florent Tillon, Daniel Villanova, Abdu Salim et son association Freemind Family, tous ont apporté leur soutien au Royal durant son occupation, de même que plusieurs squatts de la région et même à travers toute la France. Autant de noms, aussi, qui s’inscrivent dans la démarche, non seulement culturelle, mais également politique du lieu, qui met ses murs à disposition des artistes locaux et de plusieurs associations. Car, comme l’ont rappelé ses habitants, un squatt s’inscrit, de fait, toujours en opposition à la propriété privée. Et donc plus largement au capitalisme.
Les réparations effectuées par les habitants
Toutes ces démarches artistiques ont su bénéficier d’un écho d’autant plus conséquent puisqu’elles ont pris racine au sein d’un lieu festif historique du centre-ville montpelliérain, comme l’ont rappelé ses habitants. Construits en 1881, les murs ont d’abord hébergé l’Eden Concert, un music hall aux décors de théâtres italiens, avant d’abriter le Royal Studio, puis de devenir le Royal. Un lieu auquel les commerçants du coin sont attachés, eux qui ont tout de suite répondu positivement aux initiatives des habitants, qui ont « bichonné » les lieux. Car il faut bien dire que depuis octobre 2014, date à laquelle le cinéma avait été contraint de fermer ses portes suite à un dégât des eaux, le lieu commençait sérieusement à s’effriter. Traces d’urine, canettes vides, huile de friture, poussière, le fameux cinéma avait pris un coup. Mais tout ça, c’était avant que les occupants poussent la porte ouverte du Royal et s’en approprient les lieux tout en respectant les normes de sécurité et de propreté, après avoir réparé la fuite d’eau et rendu le lieu à nouveau fonctionnel en remplaçant, par exemple, les câbles d’alimentation défectueux.
Durant ces neuf mois d’occupation, les habitants seront surtout parvenus à lutter à leur manière contre la gentrification des centres-villes et l’expulsion des populations pauvres vers les zones excentrées. En proposant des soirées « entrée libre », les occupants du Royal auront contribué à la pérennisation d’un lieu populaire en faisant se confronter familles et « punks à chien », enfants et sans-abris. Seul incident, le viol présumé survenu en début d’année, qui avait causé la fermeture des lieux pendant deux semaines. Un drame sur lequel les habitants du Royal sont déjà revenus :
Concernant la suite, les habitants du Royal, soutenus lors du procès par Maitre Florence Rosé, apparaissent pessimistes, et ils ont toutes les raisons de l’être. Face aux squatts, les institutions françaises n’ont jamais été très clémentes, comparé à plusieurs cas en Belgique, où la justice est plus compréhensive. Alors pour sauver le soldat Royal, il existe deux solutions : participer à la cagnotte qui permettrait à Brigitte Aubert, propriétaire, de céder les murs, qu’elle souhaite vendre aux alentours de deux millions d’euros, ou venir demain au palais de justice, proche du Peyrou, à 8h30. Et vu que la bourse, le RSA, le chômage ou le salaire ne sont toujours pas tombés, il vaudrait mieux ne pas louper son réveil.